Dans les années 2000 plus la déracination du soi digital advenait, plus l’authenticité est devenue importante. Depuis le 20ème siècle, on observe une longue montée d’une conscience de soi dans une individualité, l’identité est désormais un branding (image de marque). La démocratisation des réseaux sociaux et de communication, nous amène à nous créer des corps sociaux alternatifs.

Ces corps sociaux, ces “profils” sont des récits que nous livrons de nous-même à destination des autres utilisateur·ice·s. Ils ne sont pas une copie conforme de ce que nous sommes, mais plutôt une projection de nous-même dans un espace virtuel public. À mon sens, on pourrait parler d’autofiction. Une autofiction est un récit aux apparences autobiographiques qui comporte des inexactitudes, des modifications de la réalité. C’est un détournement fictif de la réalité. Nos identités virtuelles sont des récits modifiés de nos réalités. Là où se joue l’autofiction, c’est dans la question de l'authenticité de ces récits.
Pour le sociologue et historien américain Richard Senett, le 20ème siècle a été marqué par une volonté de valoriser la proximité des individus, de renforcer les liens sociaux, et par une volonté de transparence. Les individus affichent une volonté de dévoiler leurs personnalités authentiques, sans filtres ou conventions sociales. Suivant le cheminement du capitalisme, le concept de personnalité et psychologisation du soi est mis en avant dans les liens sociaux que nous créons avec les autres. Cette montée de la recherche de personnalité s’accompagne d’une prégnance de l’émotion puisqu’il devient nécessaire pour prouver son authenticité de savoir « ce qu’on ressent » et de le partager.

L’équilibre fragile qui existait entre sphère publique et sphère privée en a été impacté. Il fait la comparaison avec le monde du théâtre. L’acteur de théâtre au 19ème est considéré comme un inférieur, un valet du spectateur, qui récite un texte que les spectateurs connaissent eux-mêmes. Maintenant, ce que l’on attend de l’acteur, c’est non seulement qu’il dise le texte, mais qu’il fasse ressentir et comprendre des émotions. Cette « mission » de l’acteur devient primordiale dans un monde où, face à la montée de l’impersonnalisation, on a de plus en plus de mal à comprendre qui est autrui.
Dans les années 2000 plus la déracination du soi digital advenait, plus l’authenticité est devenue importante. Depuis le 20ème siècle, on observe une longue montée d’une conscience de soi dans une individualité, l’identité est désormais un branding (image de marque). La démocratisation des réseaux sociaux et de communication, nous amène à nous créer des corps sociaux alternatifs.

Ces corps sociaux, ces “profils” sont des récits que nous livrons de nous-même à destination des autres utilisateur·ice·s. Ils ne sont pas une copie conforme de ce que nous sommes, mais plutôt une projection de nous-même dans un espace virtuel public. À mon sens, on pourrait parler d’autofiction. Une autofiction est un récit aux apparences autobiographiques qui comporte des inexactitudes, des modifications de la réalité. C’est un détournement fictif de la réalité. Nos identités virtuelles sont des récits modifiés de nos réalités. Là où se joue l’autofiction, c’est dans la question de l'authenticité de ces récits.
Dans les domaines relationnels ou professionnels, scruter le profil Facebook ou Instagram d’une personne que l’on vient de rencontrer pour mieux la connaître est devenu un réflexe/critère. Ce que nous exprimons de nous dans l’espace virtuel a pris une importance capitale, c’est un moyen par lequel nous nous définissons et par lequel nous nous présentons aux autres. Facebook joue le rôle d’un médiateur des rapports sociaux de personne à personne. Internet est un élément qui se positionne entre nous et les autres utilisateurs dans le processus relationnel et de communication.
“Je veux dire que la plupart des gens choisissent de s'engager, choisissent d'être involontairement représentés sur les plateformes chaque jour. Ils pourraient également choisir de ne pas le faire. Personne n’oblige les gens à utiliser leur smartphone au quotidien. Mais ne pas être complètement représenté… c’est beaucoup plus compliqué. Ce n’est probablement pas le cas... c’est très difficile, disons-le comme ça.” Hito Steyerl