Dans Mélas de Saturne, Josèfa Ntjam incarne le personnage fictif qui est à la recherche de ses origines métaphysiques. Elle espère se retrouver parmi la méta population vivant au nord-est du Cameroun.
À travers cette narration, Josèfa Ntjam cherche à montrer la sensation de mélancolie que laisse la méconnaissance de son histoire, de celles de ces ancêtres et tenter de remettre en lumière les récits historiques non-occidentaux méconnus et volontairement oubliés. Le terme de “Mélas” (grec) signifie d’ailleurs mélancolie.
"Le film "Mélas de Saturne" est une divagation historicophilosophique. Il met en image un avatar cherchant à se réapproprier l’histoire de la diaspora noire, dont la particularité est d’être liée à un algorithme capable d’anticiper le métissage de l’organique et du technologique. Cette œuvre évoque Mami Wata, une divinité aquatique du culte vaudou en Afrique de l’Ouest, et mêle vestiges archéologiques de cités englouties, plantes équatoriales, coraux, serpents et mollusques hybrides. Pour l’artiste, le « mélas » (du grec ancien signifiant noire, trouble) est un liquide sombre infiltrant les principes nominatifs, la perception linéaire du temps (succession des saisons ou des cycles de la vie) et les hiérarchies entre les événements du passé. Dans ce récit, Josèfa Ntjam cherche à déconstruire les discours hégémoniques sur les notions d’origine, d’identité et d’authenticité. Elle y affirme une dimension plurielle, ses « origines dyslexiques » sans code source, sa fragmentation en tant que « crypto-corps » monstrueux, traversé par les données d’internet et du darknet."
FRAC Nouvelle-Aquitaine MECA, 2021
La science-fiction permet de créer des mondes entre les mondes, des hybridations de paysage, mais aussi des hybridations de mythologies. La science-fiction est un moyen d'insuffler une narration fictionnelle et spéculative aux mondes qu’elle met en place.
“Dans mon travail, je cherche toujours à déconstruire l’architecture et les paysages pour en faire autre chose. C’est une manière pour moi de créer des mondes alternatifs.”
Pour Josèfa Ntjam, au-delà de la question du détournement, le collage pose la question de la réappropriation culturelle, qui est au cœur de ses problématiques.
Face à l’envahissement visuel des images générées par les réseaux et les machines, elle effectue un geste de réappropriation, en y réinsufflant les questions d’identités et de réalités.
“Si l’on construit quelque chose, cela risque de se casser, mais les débris pourront servir à autre chose. Comment construire quelque chose quand on est en perpétuel mouvement ?”