Aujourd’hui, il est intéressant de se demander comment nous nous situons par rapport aux images qui nous entourent. Avec internet et l’ère numérique, ces images sont désormais encore plus présentes, multipliables, copiables, modifiables ou tronquables, en quelques clics. Notre utilisation des images a amené un nouveau type de perception, les images ne sont plus seulement les témoins d’une réalité, mais crée avec nous des alternatives ou monde alternatif, puisque leur accès mais aussi leurs apparitions sont pilotés et générées par des machines et des réseaux (intelligence artificielle, algorithmes, profilage etc…)
Notre rapport aux images a changé, en plus de la télévision et du cinéma, Internet a introduit les forums, réseaux sociaux, journaux en ligne, publicités, pop-up, les mèmes…
Dans les années 1990, plusieurs écrivain·e·s et sociologues interrogent le changement de perception et le glissement d’une culture de l’écriture à une culture visuelle. Nicholas Mirzoeff, théoricien de la culture visuelle et professeur au Département des médias, de la culture et de la communication de l’Université de New York, définit cette culture visuelle dans son livre An Introduction to a Visual Culture en 1999 :
“La culture visuelle concerne les événements visuels dans lesquels l'information, le sens ou le plaisir sont recherchés par le consommateur dans une interface avec la technologie visuelle. Par technologie visuelle, j'entends toute forme d'appareil conçu soit pour être regardé, soit pour améliorer la vision naturelle, de la peinture à l'huile à la télévision et à Internet.”
Pour Nicholas Mirzoeff, c’est la crise visuelle de la culture qui crée la postmodernité et non sa textualité. L’ère moderne était l’ère du texte, l’ère postmoderne est l’ère des images, bien que les médias imprimés ne soient pas voués à totalement disparaître, les images ont bel et bien pris le dessus dans la création de concepts et des inconscients collectifs.

Cette idée d’ère postmoderne décrite par Nicholas Mirzoeff en 1999 prend maintenant la forme d’une nouvelle ère à venir, post-post-post contemporaine, dans laquelle les utilisateurs, avec l’aide des Intelligences Artificielles, créent de nouveaux modes d’images, de nouveaux mondes. Dans un futur relativement proche, nous baignerons dans un surplus d’images, et il y aura plus d’images que de réalités.
Notre monde est déjà largement virtualisé, cela s’est démultiplié avec le développement des environnements en réseaux internes et de toutes les interconnexions numériques.
Mais qu’en est-il du monde de l’art ?

Au-delà de la création et de la production d’images, les artistes ne seraient-t-iels pas en train d’inventer de nouvelles associations d’images et ainsi, de nouvelles relations entre ces images ? Est-ce que ces relations ne créeraient pas également de nouvelles narrations, de nouveaux mondes possibles ?