Au-delà d’une esthétique, proposer de nouveaux mondes à travers le numérique permet de déconstruire, de repenser des réalités alternatives. Les images virtuelles, comme tout type d'images, ne sont pas neutres. Elles peuvent servir comme moyen de surveillance, d'autorités, ou bien nous pouvons nous en emparer comme des outils de critique institutionnelle, de résistance, de réappropriation.

J’ai parfois l’impression de me noyer dans une mer de données et d’images, qui sont de plus en plus difficiles à décrypter. Nous sommes dans une ère de sur-exposition, l’image devient banalisée, du fait qu’il est de plus en plus simple d’en produire en quantité, de les diffuser, en très peu de temps. Le capitalisme a complètement intérêt à nous noyer sous une masse d’images dont nous n’avons plus le contrôle, et à rendre la réalité moins intéressante que la virtualité.

À travers les différents projets parcourus, j’ai pu constater qu’il est important de surveiller les images qui nous entourent, afin de parvenir à les décrypter et même à s’en emparer.
Il est certes difficile de parvenir à s’y retrouver, mais si l’on prend conscience de la force des images et que l’on décide de s’en emparer, de ne pas les laisser uniquement entre les mains des institutions, on permet peut-être une forme de rébellion de contestation.

Comme nous avons pu le voir avec par exemple Hasan Elahi, il est possible, et même vital de reprendre le contrôle sur nos informations, sur nos identités en ligne, dont nous avons peu à peu perdu la main mise. En effet, après des années à avoir laissé la gestion, la commercialisation de nos données personnelles aux grandes firmes, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), un tournant est en train de se produire, et les utilisateurs prennent confiance qu’ils doivent se ressaisir de leurs propres identités en ligne.

Les exemples de Josèfa Ntjam et Amalia Ulman nous montrent aussi que les images et les identités numériques sont porteuses de sens, de symboliques qui sont représentatives de nos caractéristiques identitaires. Nous pouvons nous emparer de ces symboles, de ce qui définit nos identités, pour parvenir à imaginer et créer de nouveaux futurs, de nouveaux espaces physiques et virtuels plus safe et qui proposent des récits différents de ceux proposés par une hégémonie occidentale et principalement masculine.

Si à l’heure actuelle, nos espaces virtuels ne semblent pas aussi accueillants et sûrs que nous le pensions, nous avons certains moyens de parvenir à contourner ces espaces qui peuvent être des lieux inhospitaliers, autoritaires, pour en créer de nouveaux. L’art Contemporain peut être un des lieux de réflexions sur ces nouveaux espaces, ces nouvelles fictions.

Les utlisateur·ices sont de plus en plus conscient·e·s de ce qu'impliquent nos présences en ligne, cette prise de conscience pourrait peut-être nous mener vers de nouvelles façon de gérer nos identités numériques.

On ne peut pas être en croyance totale vis à vis des mondes virtuels, ni de la société telle qu’elle est, on ne peut pas non plus tout nier en bloc.
Tout ce qui est ambivalent peut donner le pire et le meilleur mais j’ai confiance en l’art.